dimanche 11 mai 2014

Allocution commémoration armistice du 8 mai 1945

Il y a 6 ans, jour pour jour, je prononçais mes premiers mots, mon premier discours, celui qui revêtait une importance si particulière, celui qui portait le poids de l’Histoire, celui que je ne l’oublierai jamais tout au long de ma vie.

Six ans ont passé déjà et je suis une nouvelle fois devant vous, le cycle de la vie et des fonctions électives sont ainsi, le temps passe, les événements se reproduisent mais la gravité de l’instant restera toujours la même. 

Nous nous retrouvons donc une fois de plus, pour évoquer la plus grande tragédie de l’Histoire de France, le drame de la seconde guerre mondiale.

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Alors, après avoir été réélu, les choses s’enchainent, les pensées aussi. On imagine ce qu’on fera dans les prochaines années, on pense aux projets qu’on défendra, aux difficultés qu’on affrontera.


Et puis, on se dit également, qu’on se retrouvera tous les 8 mai et les 11 novembre, à l’ombre d’un monument aux morts, chaque année, pour se rappeler de nouveau et tout faire ainsi pour ne rien oublier.

Ceux qui partagent ma vie depuis 6 ans maintenant savent très bien que ces moments restent pour moi des instants particuliers, ceux que je considérerai toujours différemment des autres.


Ceux qui m’accompagnent depuis 6 ans désormais savent très bien que je ne peux pas écrire les discours que je prononce ces jours-là comme les autres, que je dois prendre le temps, que je dois me poser, que je dois construire patiemment ce que je vous dirai.
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Durant 6 ans, j’ai donc passé de nombreuses heures à créer ces discours, j’ai recherché sur Internet les récits de nos soldats, j’ai raconté des moments si terribles, j’ai conté la grandeur de nos résistants, j’ai insisté sur la bonté d’âme des justes parmi les Nations, j’ai enfin été ému lorsque je vous parlais de ces juifs suppliciés et massacrés.

Après vous avoir raconté tellement de choses, après m’être documenté sur tant d’histoires, après vous avoir expliqué pourquoi nous ne devions jamais renoncer à être présents un matin de mai, après vous avoir décrit des choses si terrifiantes, je me retrouve une nouvelle fois devant vous et je dois encore et toujours prononcer de nouveaux mots.

Mais que pouvais-je vous écrire de nouveau, que pouvais-je vous raconter de plus que les autres années. Vous savez tellement de choses désormais.
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Et pourtant, comme les autres années, j’ai recommencé, j’ai réfléchi à un thème particulier, celui que j’allais développer. J’ai relu alors les discours écrits depuis 6 ans et je me suis arrêté sur quelques extraits d’entre eux.

Au cours de mes allocutions, je vous explique que nous sommes présents devant ce monument aux morts, non pas pour nous-mêmes, mais pour nos enfants.

Nous sommes là un matin de mai ou de novembre : 

  • Pour leur expliquer qu’ils ne devront jamais oublier ce que leurs ainés ont subi,
  • Pour leur expliquer que s’ils sont présents libres ce matin, c’est aussi parce que quelques-uns ont décidé de refuser l’oppression,
  • Pour leur raconter qu’ils devront profiter de chaque moment de leur vie,
  • Pour leur raconter que l’équilibre de la paix est si difficile à préserver,
  • Pour leur demander de tout faire pour que personne n’oublie ce que l’homme peut faire juste par idéologie.
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Nous ne sommes plus ici pour nous-mêmes et aussi longtemps que cela sera possible, nous devrons nous retrouver chaque matin du 8 mai pour leur expliquer qu’il peut suffire de la folie d’un homme pour plonger l’humanité dans le plus grand des chaos, que certaines idéologies peuvent entraîner l’horreur absolue, qu’ils doivent rester vigilants à tout prix.

Nous ne sommes plus ici pour nous-mêmes, nous sommes là pour transmettre à nos enfants, car c’est notre rôle, l’histoire de notre vie et l’histoire de la haine, pour qu’ils sachent que s’ils préservés aujourd’hui, c’est aussi parce que d’autres ont refusé, se sont levés ou se sont battus hier.
Je me souviens de Léa, Tom, Cécile et de tant d’autres enfants qui m’ont accompagné ces dernières années.

C’est pour eux que nous devons continuer à ne jamais oublier car la mémoire est notre seul instrument, la seule garante de paix, leur seul salut.

C’est à eux aujourd’hui de nous expliquer d’où ils viennent et comment ils doivent construire leur vie désormais.

C’est à leur tour de nous raconter ce qu’ils ont appris, ce qu’ils ont retenu et ce qu’ils voulaient vous dire simplement ce matin.
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Intervention Conseil Municipal des Jeunes.
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Mesdames, Messieurs, ceux qui me connaissent, savent très bien ce que je ressens à ce moment précis à l’écoute des mots des conseillers du Conseil municipal des jeunes.

Je voulais les remercier très sincèrement et leur dire qu’ils ont tout simplement compris l’importance d’être présents avec nous ce matin.

Et je terminerai en leur répétant quelques mots d’une des allocutions prononcées il y a déjà quelques années, sous le soleil et entouré de beaucoup d’entre vous.

C’est sûrement ce qu’ils doivent retenir de ces moments, de ces cérémonies, de leur premier apprentissage de la seconde guerre mondiale.

C’est sûrement ce qu’ils devront garder en eux tout au long de leur vie.

Anaïs, Lynscha, Maylis, Camille, vous vivez aujourd’hui dans un monde si paisible mais n’oubliez jamais que cela ne fut pas toujours le cas pour les générations précédentes et que la guerre est encore présente dans de nombreux endroits de la planète.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, continuez d’apprendre année après année, poursuivez votre apprentissage de ces moments douloureux mais finalement remplis d’espoir.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, vous devez comprendre que la liberté qui est la vôtre aujourd’hui a été possible parce que des sacrifices ont été consentis par d’autres, des héros anonymes, des soldats, des résistants, des justes parmi les Nations, dont les livres d’histoire ne parlent peut-être même plus, mais qui représentent ce qu’est la grandeur d’un homme et celle de notre pays.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, les résistants et les soldats dont vous avez commencé à apprendre l’histoire, doivent être des exemples pour chacun d’entre vous. Ils étaient jeunes, ils sont morts injustement mais ce qu’ils incarnaient était invincible comme vous le serez je l’espère au cours de votre vie.

Comme eux, vous devrez refuser la soumission, l’injustice et la fatalité. Vous ne devrez jamais baisser la tête, vous n’accepterez jamais le déshonneur, vous ignorerez la lâcheté.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, vous avez entre vos mains tout pour décider, avancer, libres et convaincus, vous êtes les seules à faire vos choix, à construire votre destin.

Vous devrez vous battre quand tout vous semblera perdu, quand vous n’aurez plus de force, car vous n’oublierez jamais qui vous devez être.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, le cri de la liberté poussé par ces résistants et ces soldats, nous devons l’entendre encore et le transmettre d’année en année, de génération en génération, ce cri est en nous, ils sont notre Histoire.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, soyez fiers de ces résistants, soyez fiers de ces soldats, soyez fiers de vos ainés, ils ont tant donné, soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont tombés.

Anaïs, Lynsha, Maylis, Camille, aimez la France parce que c’est le plus bel hommage que vous pourrez leur rendre.

Aimez simplement la France comme jusqu’au bout ils l’ont aimée.

Vive la République et vive la France.