dimanche 11 novembre 2012

Allocution cérémonie de l'armistice de la première guerre mondiale

Au lever du jour, le 11 novembre 1918 à 5h15 précises, dans une forêt en région parisienne, la première guerre mondiale pris fin.

Et nous voila une nouvelle fois ce matin, réunis tous ensemble, pour consacrer quelques minutes à nous souvenir et pour nous rappeler l’espace d’un instant.

Et comme chaque année et avant tout, nous évoquerons encore les 3 actes d’une des deux plus grandes tragédies du 20ème siècle.
*
*     *
Le premier acte concerne bien évidemment le bilan terrible, irréel et insupportable de cette Grande guerre qui n’a de Grande que le nombre des douleurs, des malheurs et des tués.

Nous parlerons de cet armistice, celui qui à 11h00 précises lorsque les canons cessèrent, donna aux livres d’Histoire : 65 millions d’hommes mobilisés, 8 millions et demi de morts, 21 millions de blessés, 4 millions de veuves et 8 millions d’orphelins.
*
*     *
Le second acte concerne le courage et la souffrance de nos soldats. Les générations qui commencèrent cette guerre l’avaient regardée arriver initialement comme une fatalité, puis comme une nécessité. Toute une jeunesse qui souffrait d’une forme de désespérance et d’un manque d’idéal, avait même fini par la regarder comme une rédemption.

Cette jeunesse partit le cœur presque gai en pensant que la guerre ne durerait que quelques mois et sans imaginer une seule fois connaître le plus grand des massacres.

La guerre devait être fraîche, joyeuse et rapide, elle fut la plus atroce des guerres et durera plus de quatre ans.

Aucun mot ne peut rendre compte de ce que vécurent ces hommes entassés dans des boyaux de boue sanglante, à demi-inondée, jonchée de cadavres, attendant la peur au ventre sous les obus l’ordre de monter à l’assaut.

Aucun reproche ne pourra être porté même à ceux qui, après avoir affronté avec un courage inouï la plus terrible des épreuves, refusèrent un jour, un matin, d’avancer parce qu’ils n’en pouvaient plus, que tout cela leur semblait si absurde, qu’ils n’avaient plus aucun rêve, aucune force et plus la moindre espérance.

Meurtris, blessés, défigurés, amputés, détruits, ils furent tous des héros et resteront à jamais dans notre mémoire.

La France ne devra jamais oublier ses enfants qui se sont battus pour elle. Elle se rappellera le sang versé sur la Marne, sur la Somme, à Verdun, au Chemin des Dames par les tirailleurs venus d’Afrique du Nord, d’Afrique Noire, de Madagascar et d’Indochine.
*
*     *
Le dernier acte est celui de la vengeance bien évidemment. Ils furent grands ces survivants qui rentrèrent chez eux avec le regard triste de ceux qui seront condamnés à vivre à jamais avec le souvenir du malheur, avec l’odeur de la mort.

Ces héros embrassèrent leurs parents, leur femme, leurs enfants.

Ils se remirent au travail, en silence, ne parlant de la guerre qu’en regardant, le dimanche en famille, quelques photos jaunies, celles qui vous font mal car mêlant les vivants à ceux qui n’eurent pas la chance de rentrer chez eux.

Ils se remirent à essayer de vivre, ne parlant de la guerre en implorant que cela ne se reproduise jamais. « Plus jamais ça » répétaient-ils, personne ne les écouta, la vengeance était si facile, la vengeance reste souvent la décision la plus simple.

Ils ne furent jamais entendus, jamais écoutés et à peine sortie de la guerre, le devoir de mémoire et la volonté de réconciliation firent place à ce souhait de vengeance.

En mettant l’orgueil et la fierté comme principes élémentaires, la suite de l’horreur se préparait déjà et donna naissance à un drame encore plus grand, à une tragédie encore plus importante, celle de la deuxième guerre mondiale à peine 20 ans après la fin de la première, celle de la Shoah et de l’extermination des ¾ des juifs de l’Europe occupée.
*
*     *
Ces actes devront toujours être les premiers éléments à rappeler.

Certains choqueront en montrant avec recul et froideur à quoi peuvent aboutir l’incompréhension entre les peuples, la haine de l’autre et la folie des hommes.

D’autres sublimeront l’honneur et le don de soi en reconnaissant à ses soldats un courage immense et un sens de la patrie que beaucoup d’entre nous pourraient oublier aujourd’hui.
*
*     *
A jamais, ce 11 novembre restera le jour où dans les 36.000 communes et villages de France, devant les monuments aux morts où sont gravés les noms des soldats qui ne sont jamais revenus, nous viendrons nous recueillir et rendre l’hommage qui leur est du.

Mais à la mort du dernier poilu Français, certains voulaient substituer cette journée par une grande fête de l’Europe, la fête de l’amitié, la fête de la paix comme si on pouvait profiter de cette disparition pour oublier notre passé, trop lourd à porter, trop difficile à oublier.

Mais cette guerre fait partie de chacun d’entre nous et la grandeur de notre pays réside également dans le fait que nous soyons encore émus à l’évocation du courage, de l’honneur, de l’engagement et de ce terrible bilan.

La mort du dernier poilu ne doit rien nous faire oublier, elle met fin seulement au souvenir personnel des sacrifices et des souffrances pour laisser place à l’Histoire, à l’Histoire de France, à notre Histoire.
*
*     *
C’est ainsi que le Gouvernement français a souhaité que depuis le 28 février 2012 nous rendions hommage chaque 11 novembre à tous les « morts pour la France ».

Au-delà d’une simple évocation l’année dernière, c’est la première fois à Villepreux en ce 11 novembre 2012 que nous rendons un hommage solennel à tous les soldats, morts, tombés pour notre pays.

Au-delà de leur courage, au-delà leur engagement, au-delà de leur honneur, quelque soit le conflit dans lequel ils se sont battus, ils étaient des hommes avant tout, des pères, des maris et des fils.

Nous n’avons pas ce matin à savoir si un conflit était plus légitime qu’une guerre, si une cause était plus juste qu’une autre. Nous n’avons pas à les juger en tant que soldat, nous avons à les saluer en tant qu’homme.

Le jour de leur départ, ils n’ont pas annoncé à leurs proches qu’ils partaient pour tuer.

Ils ont serré dans leurs bras leur fiancée ou leur épouse en leur disant qu’elles étaient plus importantes que leur propre vie, en leur promettant qu’il ne leur arriverait rien sans penser qu’elles recevraient quelques mois plus tard la dernière lettre de leur mari après qu’il a été tué.

Ils ont embrassé leurs parents en disant qu’ils les reverraient déjà très vite, en leur promettant qu’ils seraient prudents sans imaginer que des officiels viendraient quelques mois plus tard leur annoncer leur décès.

Ils ont essuyé une larme sur la joue de leurs enfants en se disant que même si la guerre allait être rapide, ils seraient déjà grands à leur retour et sans imaginer une seconde qu’ils ressentiraient quelques mois après, la douleur infinie de suivre le cercueil de leur père qu’un village entier allait enterrer.

Souvenons-nous qu’avant d’être des soldats, ils étaient des hommes avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs doutes, leurs projets et leurs rêves. Souvenons-nous qu’ils auraient pu être nos enfants. Souvenons-nous qu’ils furent aussi les victimes de tant de fatalités. Souvenons-nous enfin qu’ils n’avaient pour beaucoup qu’à peine 20 ans.
*
*     *
Que ces soldats se soient battus dans la Marne ou tombés sous la mitraille ou sous les obus allemands dans champs de l’Aisne.

Que ces soldats se soient battus sur les plages de Normandie ou morts dans les forêts des Ardennes.

Qu’ils se soient battus dans les rizières de l’Indochine ou morts à Diem Bien Phu.

Qu’ils se soient battus dans les faubourgs d’Alger ou morts dans les dunes du Sahara.

Qu’ils se soient battus en Afghanistan, à Suez, dans les Balkans, au Moyen-Orient, au Tchad, en Côte d’Ivoire …

Ils ont tous droit au respect et aux honneurs que la Nation réserve à ceux qui ont fait pour elle le sacrifice de leur vie.

Nous leur devons non seulement à leur mémoire, mais aussi à leur famille, à leurs frères d’armes et à ceux qui continuent à risquer leur vie pour servir la cause de la France.

Nous devrons continuer à rendre hommage à chacun d’entre eux.
*
*     *
Rappelez-vous la crypte du Mont Valérien qui nous rappelle la réalité des suppliciés de la seconde Guerre mondiale et contribue au devoir de mémoire que cette guerre nous imposait.

Chaque année, l’arc de cercle des cercueils de l’Histoire s’agrandit pour intégrer la mémoire de chaque soldat mort pour défendre notre pays et nos valeurs, tué sur un champ de bataille aux quatre coins du monde.

Ces soldats sont l’Histoire de France, ils font partie de notre propre histoire.

Ces soldats ont donné leur vie, ils garderont une place particulière dans la notre.

Ils ont versé leur sang, nous leur consacrerons à jamais ces quelques moments.

L’honneur d’un grand pays restera toujours de respecter ses soldats et d’honorer ceux qui se sont battus et qui se sont morts pour les défendre.

L’honneur d’un grand peuple sera à jamais de remercier ceux qui ont donné leur vie pour leur pays.

L’honneur d’un grand peuple se symbolise des fois simplement dans une commémoration un jour d’automne, devant un monument aux morts à 09H00 du matin.

C’est dans ses moments précis, que nous ressentons alors simplement la fierté d’être Français.

vendredi 2 novembre 2012

50ème anniversaire "Amicale de Villepreux"

M. le Président,

Mesdames, Messieurs,

Je tenais avant tout à vous remercier de m’avoir invité. Et c’est avec un réel plaisir que j’ai accepté bien évidemment d’être avec vous aujourd’hui.

Je prends rarement la parole lors d’assemblées générales puisque, même si la Municipalité contribue à la vie associative, les associations existent avant tout par l’implication et le dévouement des bénévoles, elles sont les vôtres et vous êtes au cœur de leurs actions.

J’ai voulu dire quelques mots cependant cet après-midi, car dans le paysage associatif de Villepreux, vous êtes une association un peu particulière quand on y réfléchit bien.

Qu’on ait créé une association, qu’on soit membre de son bureau ou qu’on participe juste à son développement, on le fait par envie, par passion et parce que l’action entreprise procure un plaisir. Et ce plaisir, il peut être direct ou indirect.

Le sport vous donne un plaisir direct. Lorsque vous marquez un but, lorsque votre équipe mène au score, vous éprouvez immédiatement le plaisir d’avoir effectué un beau geste ou celui d’avoir remporté une rencontre.

L’art vous donne un plaisir direct. Lorsque vous créez une toile à partir de quelques tubes de couleurs, lorsque vous jouez d’un instrument de musique vous éprouvez immédiatement le plaisir de partager votre œuvre ou celui d’avoir su traduire la partition.

La culture vous donne un plaisir direct. Lorsque vous jouez une pièce de théâtre ou écrivez un roman, vous éprouvez immédiatement le plaisir de donner de l’émotion aux autres ou de livrer une partie de vous-même à vos proches.

La grande majorité des associations sont des associations de plaisir direct.

Mais à côté de celles-ci, vous avez les autres, moins nombreuses mais très présentes dans notre commune. Elles ne vous apportent pas de plaisir direct mais quelque chose d’autre, aussi important, le plaisir indirect de donner de soi pour les autres.

C’est le cas, par exemple, lorsqu’au travers des Restaurants du cœur et au moment où vous remettez le colis à des personnes en souffrance, elles vous regardent simplement et vous disent merci.
*
*     *
Mais vous, les donneurs de sang, que recherchez-vous réellement ? Que vous apporte le fait de donner votre sang pour les autres ?

Aucun plaisir direct, j’en suis persuadé si je me base sur mon expérience et la peur que j’ai systématiquement lorsque je dois faire une simple prise de sang.

Un plaisir indirect sûrement, c’est bien évidemment là qu’il faut chercher. Mais à la différence d’autres associations, ce plaisir est différent, il est diffus et je pense que ce n’est pas la raison de votre engagement.

Ce plaisir est diffus, puisque vous ne voyez jamais la personne qui va recevoir votre don. Mais cela n’est pas le plus important pour vous, l’important est juste de savoir que le don que vous faites permettra peut-être à quelqu’un d’être sauvé et de vivre.

Le don de soi pour la vie des autres, n’est-ce pas le plus beau des engagements ?
*
*     *
Alors, l’Amicale de Villepreux, c’est 179 dons en 1994 pour 179 donneurs et 420 dons en 2011 pour 266 donneurs. Ces résultats permettent aujourd’hui à Villepreux d'être reconnue comme une ville  particulièrement engagée dans le don de sang.

Et pour le Maire de Villepreux, cette reconnaissance est très importante puisqu’elle correspond à l’image que j’aime de notre commune : une ville sociale, une ville tournée vers les autres, une ville dont beaucoup de ses habitants donnent une partie d’eux-mêmes sans rien attendre en retour.

C’est ainsi que la Municipalité continue et continuera d’épauler l’Amicale et ainsi l’Etablissement Français du Sang. Et comme cela avait été fait il y a 25 ans, nous avons souhaité symboliser votre 50ème anniversaire par la plantation d’un acacia.

Vous êtes passé devant sans le voir, il est juste à l’entrée de la Salle des fêtes et une plaque sera installée prochainement.

L’acacia est un arbre particulier puisqu’il symbolise plusieurs éléments : il est symbole déjà de la vie et de l’immortalité mais représenté avec des fleurs fanées, rouges ou blanches, il est celui de la mort et de la renaissance. La vie et la mort, deux symboles liés bien évidemment au don de sang.

Je vous souhaite un excellent 50ème anniversaire et une longue vie.

Merci à tous.